Le village de Saint-Paul, blotti dans la partie Sud Est de la Boutonnière du Pays de Bray recèle en son sous-sol une très grande variété d’argiles, parmi lesquelles les célèbres argiles blanches à grès d’une exceptionnelle qualité, les argiles panachées rouges ainsi que les argiles du Gault.
Ces argiles, employées pures ou en mélanges, ont été de tout temps très recherchées par les potiers locaux et les fabricants de carreaux et de tuiles.
Saint-Paul a connu son heure de gloire au cours de la première moitié du XIXème siècle. En effet, c’est dans ce village que de riches bourgeois beauvaisiens, issus de la Révolution française, eurent l’idée d’acquérir les grands bâtiments désaffectés de l’Abbaye royale des bénédictines, pour les transformer en une manufacture de faïence qui fonctionna de 1805-1806 à 1851 .
Ces nouveaux manufacturiers recrutèrent sur place, dans le vivier des villages-potiers voisins la main-d’œuvre qualifiée dont ils avaient besoin et firent venir du Nord et de Rouen certains ouvriers spécialisés.
Les premières productions consistèrent en faïence grossière dites « cul noir ». Puis, de très belles faïences blanches décorées en polychromie, ainsi que des carreaux stannifères bleu ou brun-manganèse sortirent des ateliers de la manufacture. Les produits portent souvent un cachet en creux « ST PAUL » au revers, avec parfois les initiales des propriétaires successifs.
A quelques centaines de mètres de la manufacture de Saint-Paul existait à la même époque, sur le territoire de Goincourt au lieu-dit « l’Italienne » une autre manufacture de faïence qui ouvrit ses portes en 1798 dans des bâtiments modernes.
Les faïences de Saint-Paul et de l’Italienne sont quelquefois difficiles à distinguer les unes des autres à cause de la similitude des argiles utilisées ainsi que des techniques employées.
Les sujets des décors se rapportent très souvent à la vie rurale courante, mais on rencontre aussi des motifs floraux, des scènes de genre, des allusions politiques et surtout des inscriptions patronymiques datées.
En 1872, les frères Boulenger, céramistes à Auneuil créèrent sur le territoire de la commune de Saint-Paul, le long de la RN 31 une fabrique de carreaux décoratifs incrustés qui connut une certaine célébrité.
Aujourd’hui, le grand céramiste Jean-Michel Savary, perpétue dans son atelier du Becquet-Saint-Paul la grande tradition des grès décorés à l’émail ou à l’englobe.
Article rédigé par Jean Cartier, Président du Groupe de Recherches et d’Etudes de la Céramique du Beauvais (GRECB)
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